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Qui a perdu l’Egypte ?

 

Par Caroline B. Glick

Jerusalem Post 18/08/2012

http://www.jpost.com/Opinion/Columnists/Article.aspx?id=281555

Adaptation française de Sentinelle 5772 ©

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Si les évènements régionaux n’évoluaient pas si rapidement, la question "Qui a perdu l’Egypte ?" aurait certainement eu son importance sous le projecteur de Washington.

 

En 1949, la prise de pouvoir des Communistes en Chine remua la politique étrangère des USA jusqu’au cœur. La chute de la Chine dans le camp communiste fut perçue comme une défaite stratégique massive pour les USA. En triomphant, Mao Tse Tung plaça fermement la Chine dans le camp soviétique et exécuta une politique étrangère contraire aux intérêts des USA.

Pour l’Establishment du Département d'Etat américain, la chute de la Chine l’obligea à reconsidérer les dogmes de base de la politique étrangère des USA. Jusqu’à ce que la Chine vire au Rouge, l’opinion dominante parmi les spécialistes de la politique étrangère était que les USA pouvaient coexister pacifiquement et même être des alliés stratégiques des Communistes.

Après l’adoption de Staline par Mao, cette position fut discréditée. Après ces faits, les Américains ont reconnu qu’il était impossible pour l’Amérique de parvenir à un arrangement avec les Communistes. Et dans les années qui ont suivi, cette attitude devint l'architecture intellectuelle des stratégies adoptées par les USA pour se battre pendant la Guerre Froide….


Contrairement à l’acceptation par les USA de l’échec en Chine en 1949, et à leur volonté de tirer les leçons de la perte de la Chine, il y a le déni par les USA de leur échec et de la perte de l’Egypte aujourd’hui.

Dimanche, le nouveau président Mohammed Morsi a achevé de transformer l’Egypte en un Etat islamiste. En l’espace d’une semaine, Morsi a viré les commandants en chef de l’armée égyptienne et les a remplacés par des loyalistes des Frères Musulmans ; et il a viré tous les rédacteurs des media détenus par l’Etat et les a remplacés par des loyalistes des Frères Musulmans.
Il a aussi mis en place une politique d’intimidation, de censure et de fermeture des organisations médiatiques indépendantes, qui osaient publier une critique sur lui.

Morsi a révoqué le rôle constitutionnel de l’armée dans le règlement de la politique étrangère et militaire de l’Egypte. Mais il a maintenu la décision de la junte soutenue par la Cour de renvoyer le Parlement. Ce faisant, Morsi s’est ainsi conféré un contrôle total sur la rédaction de la nouvelle constitution de l’Egypte.

Comme l’ancien ambassadeur en Egypte Tsvi Mazel l’a écrit mardi dans le Jerusalem Post , les décisions de Morsi signifient qu’il "détient désormais des pouvoirs surpassant de loin ceux du précédent président Hosni Moubarak". En d’autres termes, les actes de Morsi ont transformé l’Egypte de dictature militaire en une dictature islamiste.

L’impact de la prise de pouvoir de Morsi sur la politique étrangère de l’Egypte devient très clair. Lundi, Al-Masri al-Youm  a cité Mohamed Gadallah, le conseiller juridique de Morsi, déclarant que celui-ci envisage de revoir l’accord de paix avec Israël. Gadallah a expliqué que Morsi a l’intention "d’assurer la pleine souveraineté et le contrôle de l’Egypte sur chaque pouce du Sinaï". En d’autres termes, Morsi a l’intention de remilitariser le Sinaï et de faire de l’armée égyptienne une menace claire et présente à l’égard de la sécurité d’Israël. En effet, selon Haaretz, l’Egypte a déjà transgressé l’accord de paix et déployé des forces et un arsenal lourd dans le Sinaï sans la permission israélienne.

La vitesse des décisions de Morsi a surpris la plupart des observateurs. Mais plus surprenante que ses décisions, il y a la réponse américaine à celles-ci.

Les officiels du gouvernement Obama se sont comportés comme si rien ne s’était passé, ou même comme si les décisions de Morsi étaient des développements positifs.

Par exemple, dans un entretien avec le The Wall Street Journal, un officiel du gouvernement a rejeté la vraie signification de la purge par Morsi des chefs militaires, disant : "Ce que je pense de cela, franchement, c’est que Morsi cherche un changement de génération dans la direction militaire".

The Journal a rapporté que le nouveau ministre de la défense de l’Egypte, le général Abdul-Fattah el-Sissi, est connu comme un sympathisant des Frères Musulmans. Mais le gouvernement Obama a vite fait d’écarter les rapports comme de simples rumeurs sans signification. Des sources du gouvernement ont déclaré au Journal, "Sissi a dîné avec John Brennan, le conseiller en chef du contre-terrorisme du président Barack Obama, pendant la visite de celui-ci au Caire en octobre dernier. A côté de cela, les gens déclarent tout le temps que les nominations de Morsi ont des liaisons avec les Frères Musulmans …!".

Une évaluation légèrement moins rose est venue de Steven Cook dans la revue Foreign Affairs. Selon Cook, au pire, la décision de Morsi n’était probablement rien de plus qu’une remise en vigueur actuelle par Abdul-Fattah el-Sissi de la décision prise par Gamal Abel Nasser d’écarter l’Egypte de l’Occident pour aller vers le camp soviétique en 1954. Plus probablement, Cook a mis en avant que Morsi faisait seulement ce que Sadate fit quand, en 1971, il vira d’autres généraux avec lesquels il avait été obligé de partager le pouvoir quand il succéda à Nasser en 1969.
Les analogies avec Nasser et Sadate sont sûrement pertinentes. Mais tout en les citant convenablement, Cook n’a pas expliqué ce que ces analogies nous disent de la signification des actes de Morsi. Il a tracé les points, mais il n'a pas vu la forme qu’ils prenaient.

 

L’islamisme de Morsi, comme le communisme le Mao, est profondément hostile aux USA, à ses alliés et à leurs intérêts aux Moyen-Orient. Par conséquent, le repositionnement stratégique de l’Egypte par Morsi comme pays islamiste signifie que l’Egypte – qui a servi d’ancre du système d’alliance des USA dans le monde arabe depuis trente ans – met de côté son alliance avec les USA et cherche à reprendre le rôle de meneur régional.

L’Egypte est en voie rapide de réinitialiser sa guerre contre Israël en menaçant le transport maritime international dans le Canal de Suez. Et comme Etat islamiste, l’Egypte cherchera sûrement à exporter sa révolution islamique dans d’autres pays. Sans doute, la crainte de cette perspective est ce qui a conduit l’Arabie saoudite à arroser l’Egypte de milliards de dollars d’aide.

Il faut rappeler que les Saoudiens craignaient tellement l’ascension d’une Egypte dirigée par les Frères Musulmans qu’en février 2011, -- quand le président des USA Barack Obama ordonna publiquement au président d’alors Hosni Moubarak da quitter le pouvoir immédiatement -- les dirigeants saoudiens l’ont supplié de défier Obama. Ils promirent à Moubarak un soutien financier illimité à l’Egypte, s’il était d’accord pour s’accrocher au pouvoir.

L’optimisme stupéfiant des USA eu regard à l’achèvement par Morsi de l’islamisation de l’Egypte est une illustration de tout ce qui est mauvais et dangereux dans la politique des USA au Moyen-Orient aujourd’hui.

 

Prenez la politique des USA à l’égard de la Syrie.
La Syrie est en possession de l’un des plus grands arsenaux d’armes chimiques et biologiques dans le monde. La barbarie avec laquelle le régime assassine ses opposants est un rappel quotidien – en vérité un signe avertisseur au néon éblouissant – que l’arsenal non conventionnel de la Syrie constitue un danger clair et présent pour la sécurité internationale. Et pourtant, le gouvernement Obama insiste pour considérer le comportement meurtrier du président syrien Bashar Assad comme s’il était une variété exotique dans la crise des droits de l’homme.

Pendant sa visite avec le ministre des affaires étrangères islamiste de Turquie Ahmet Davutoglu, samedi dernier, la secrétaire d’Etat des USA Hillary Clinton n’a même pas mentionné la question des armes chimiques et biologiques de la Syrie. Au lieu de cela, elle a continué à soutenir le parrainage par la Turquie de l’opposition dominée par les islamistes, et elle a déclaré que les USA travailleront avec la Turquie pour mettre ensemble de nouveaux moyens pour aider l’opposition islamiste à renverser le régime d’Assad. Entre autres, elle n’a pas exclu la mise en place d’une zone d’interdiction aérienne de la Syrie. La partie qui sera le plus probablement touchée par une telle décision serait Israël, qui perdrait sa capacité de bombarder les sites des armes de destruction massive syriennes par voie aérienne.

Ensuite bien sûr, il y a l’Iran et son programme d’armes nucléaires ouvertement génocidaire. Cette semaine, The New York Times a rapporté une nouvelle torsion dans la stratégie du gouvernement Obama pour traiter cette menace. Il essaie de convaincre les Etats du Golfe Persique d’accepter des systèmes de défense avancés de missiles, de la part des USA.

Cette nouvelle politique montre clairement que le gouvernement Obama n’a pas l’intention d’empêcher l’Iran de devenir une puissance nucléaire. Au lieu de cela, ses actes sur le terrain sont tournés vers l’accomplissement d’un but : convaincre les voisins arabes d’accepter l’Iran comme une puissance nucléaire et empêcher Israël d’agir militairement pour s’opposer à cette évolution. Les boucliers anti-missiles sont des aspects d’une politique de barrage (containment), pas de prévention. Et les tentatives des USA de saboter la capacité de frappe par Israël des sites nucléaires de l’Iran par des fuites et par la pression politique, et les efforts pour affaiblir le gouvernement Netanyahou, montrent clairement qu’en ce qui concerne les USA, l’acquisition de l’arme nucléaire par l’Iran n’est pas le problème.
C’est la perspective d’Israël d’empêcher l’Iran d’acquérir des armes nucléaires qui est le problème.

Plusieurs commentateurs américains mettent en avant que la politique du gouvernement Obama est la conséquence rationnelle de la divergence des évaluations des USA et d’Israël sur les menaces posées par les développements régionaux. Par exemple, dans un article de la revue online Tablet, Lee Smith argumente que les USA ne considèrent pas les développements en Egypte, en Iran et en Syrie comme menaçant les intérêts des USA. Du point de vue de Washington, la perspective d’une attaque israélienne contre l’Iran est plus menaçante qu’un Iran doté de l’arme nucléaire, parce qu’une frappe israélienne déstabiliserait immédiatement la région.

Le problème de cette évaluation est son absurdité. Il est vrai qu’Israël est la première cible sur la liste de l’Iran, et l’Egypte place Israël, pas les USA, dans son viseur. De même, la Syrie et ses alliés voyous utiliseront leurs armes chimiques contre Israël d’abord.

Mais cela ne signifie pas que les USA seront en sécurité. Les bénéficiaires probables des armes chimiques de la Syrie, les organisations terroristes sunnites et shiites – ont attaqué les USA par le passé. L’Iran a toute une histoire passée d’attaques de bateaux des USA voyageant sans parapluie nucléaire.

L’Iran serait sûrement plus agressif dans le Golfe Persique et le Détroit d’Ormuz, après avoir défié Washington en développant illégalement un arsenal nucléaire. Les USA sont beaucoup plus vulnérables à une interruption des voies d’expédition dans le Canal de Suez que ne l’est Israël.

La raison pour laquelle Israël et les USA sont alliés, c’est qu’Israël est la première ligne de défense des USA dans la région.

Si des évènements régionaux ne se produisaient pas aussi vite, la question "Qui a perdu l’Egypte ?" aurait certainement eu son importance sous le projecteur de Washington. 

Mais à partir du déni des USA de la signification du rapide achèvement par Morsi de la transformation islamique de l’Egypte ; de leur aveuglement aux dangers des armes chimiques et biologiques syriennes ; et de leur complaisance envers le programme nucléaire de l’Iran, au moment où l’Establishment de la politique étrangère des USA réalise qu’il a perdu l’Egypte, il est clair que la question qui se posera ne sera pas "Qui a perdu l’Egypte ?". Elle sera : "Qui a perdu le Moyen-Orient ?"

 

 

Who lost Egypt?

By CAROLINE B. GLICK

08/16/2012 jpost

If regional events weren’t moving so quickly, the question of who lost Egypt would probably have had its moment in the spotlight in Washington.

In 1949, the Communist takeover of China rattled the US foreign policy establishment to its core. China’s fall to Communism was correctly perceived as a massive strategic defeat for the US. The triumphant Mao Zedong placed China firmly in the Soviet camp and implemented foreign policies antithetical to US interests.

For the American foreign policy establishment, China’s fall forced a reconsideration of basic axioms of US foreign policy. Until China went Red, the view resonant among foreign policy specialists was that it was possible for the US to peacefully coexist and even be strategic allies with Communists.

With Mao’s embrace of Stalin this position was discredited. The US’s subsequent recognition that it was impossible for America to reach an accommodation with Communists served as the intellectual architecture of many of the strategies the US adopted for fighting the Cold War in the years that followed.

Today the main aspect of America’s response to China’s Communist revolution that is remembered is the vindictive political hunt for scapegoats. Foreign Service officers and journalists who had advised the US government to support Mao and the Communists against Chiang Kai Shek and the Nationalists were attacked as traitors.

But while the “Red Scare” is what is most remembered about that period, the most significant consequence of the rise of Communist China was the impact it had on the US’s understanding of the nature of Communist forces. Even Theodore White, perhaps the most prominent journalist who championed Mao and the Communists, later acknowledged that he had been duped by their propaganda machine into believing that Mao and his comrades were interested in an alliance with the US.

As Joyce Hoffmann exposed in her book Theodore White and Journalism as Illusion, White acknowledged that his wartime report from Mao’s headquarters in Yenan praising the Communists as willing allies of the US who sought friendship, “not as a beggar seeks charity, but seeks aid in furthering a joint cause,” was completely false.

As he wrote, the report was “winged with hope and passion that were entirely unreal.”

What he had been shown in Yenan, Hoffmann quotes White as having written, was “the showcase of democratic art pieces they (the Communists) staged for us American correspondents [and] was literally, only showcase stuff.”

Contrast the US’s acceptance of failure in China in 1949, and its willingness to learn the lessons of its loss of China, with the US’s denial of its failure and loss of Egypt today.

On Sunday, new president Mohamed Morsy completed Egypt’s transformation into an Islamist state. In the space of one week, Morsy sacked the commanders of the Egyptian military and replaced them with Muslim Brotherhood loyalists, and fired all the editors of the state-owned media and replaced them with Muslim Brotherhood loyalists.

He also implemented a policy of intimidation, censorship and closure of independently owned media organizations that dare to publish criticism of him.

Morsy revoked the military’s constitutional role in setting the foreign and military policies of Egypt. But he maintained the junta’s court-backed decision to disband the parliament. In so doing, Morsy gave himself full control over the writing of Egypt’s new constitution.

As former ambassador to Egypt Zvi Mazel wrote Tuesday in The Jerusalem Post, Morsy’s moves mean that he “now holds dictatorial powers surpassing by far those of erstwhile president Hosni Mubarak.”

In other words, Morsy’s actions have transformed Egypt from a military dictatorship into an Islamist dictatorship.

The impact on Egypt’s foreign policy of Morsy’s seizure of power is already becoming clear. On Monday, Al-Masri al-Youm quoted Mohamed Gadallah, Morsy’s legal adviser, saying that Morsy is considering revising the peace accord with Israel. Gadallah explained that Morsy intends to “ensure Egypt’s full sovereignty and control over every inch of Sinai.”

In other words, Morsy intends to remilitarize Sinai and so render the Egyptian military a clear and present threat to Israel’s security. Indeed, according to Haaretz, Egypt has already breached the peace accord and deployed forces and heavy weaponry to Sinai without Israeli permission.

The rapidity of Morsy’s moves has surprised most observers. But more surprising than his moves is the US response to his moves.

Obama administrations officials have behaved as though nothing has happened, or even as though Morsy’s moves are positive developments.

For instance, in an interview with The Wall Street Journal, one administration official dismissed the significance of Morsy’s purge of the military brass, saying, “What I think this is, frankly, is Morsy looking for a generational change in military leadership.”

The Journal reported that Egypt’s new defense minister, Gen. Abdul-Fattah el-Sissi, is known as a Muslim Brotherhood sympathizer. But the Obama administration quickly dismissed the reports as mere rumors with no significance. Sissi, administration sources told the Journal, ate dinner with US President Barack Obama’s chief counterterrorism adviser John Brennan during Brennan’s visit to Cairo last October. Aside from that, they say, people are always claiming that Morsy’s appointments have ties to Morsy’s Muslim Brotherhood.

A slightly less rose-colored assessment came from Steven Cook in Foreign Affairs. According to Cook, at worst, Morsy’s move was probably nothing more than a present-day reenactment of Gamal Abel Nasser’s decision to move Egypt away from the West and into the Soviet camp in 1954.

Most likely, Cook argued, Morsy was simply doing what Sadat did when in 1971 he fired other generals with whom he had been forced to share power when he first succeeded Nasser in 1969.

Certainly the Nasser and Sadat analogies are pertinent. But while properly citing them, Cook failed to explain what those analogies tell us about the significance of Morsy’s actions. He drew the dots but failed to see the shape they make.

Morsy’s Islamism, like Mao’s Communism, is inherently hostile to the US and its allies and interests in the Middle East. Consequently, Morsy’s strategic repositioning of Egypt as an Islamist country means that Egypt – which has served as the anchor of the US alliance system in the Arab world for 30 years – is setting aside its alliance with the US and looking toward reassuming the role of regional bully.

Egypt is on the fast track to reinstating its war against Israel and threatening international shipping in the Suez Canal. And as an Islamist state, Egypt will certainly seek to export its Islamic revolution to other countries. No doubt fear of this prospect is what prompted Saudi Arabia to begin showering Egypt with billions of dollars in aid.

It should be recalled that the Saudis so feared the rise of a Muslim Brotherhood-ruled Egypt that in February 2011, when US President Barack Obama was publicly ordering then-president Hosni Mubarak to abdicate power immediately, Saudi leaders were beseeching him to defy Obama. They promised Mubarak unlimited financial support for Egypt if he agreed to cling to power.

The US’s astounding sanguinity in the face of Morsy’s completion of the Islamization of Egypt is an illustration of everything that is wrong and dangerous about US Middle East policy today.

Take US policy toward Syria.

Syria is in possession of one of the largest arsenals of chemical and biological weapons in the world. The barbarism with which the regime is murdering its opponents is a daily reminder – indeed a flashing neon warning sign – that Syria’s nonconventional arsenal constitutes a clear and present danger to international security. And yet, the Obama administration insists on viewing Syrian President Bashar Assad’s murderous behavior as if it were a garden variety human rights crisis.

During her visit with Turkey’s Islamist Foreign Minister Ahmet Davutoglu last Saturday, US Secretary of State Hillary Clinton didn’t even mention the issue of Syria’s chemical and biological weapons. Instead she continued to back Turkey’s sponsorship of the Islamist-dominated opposition and said that the US would be working with Turkey to put together new ways to help the Islamist opposition overthrow Assad’s regime.

Among other things, she did not rule out the imposition of a no-fly zone over Syria.

The party most likely to be harmed from such a move would be Israel, which would lose its ability to bomb Syrian weapons of mass destruction sites from the air.

Then of course, there is Iran and its openly genocidal nuclear weapons program. This week The New York Times reported a new twist in the Obama administration’s strategy for managing this threat. It is trying to convince the Persian Gulf states to accept advanced missile defense systems from the US.

This new policy makes clear that the Obama administration has no intention of preventing Iran from becoming a nuclear power. Its actions on the ground are aimed instead at accomplishing one goal: convincing Iran’s Arab neighbors to accept Iran as a nuclear power and preventing Israel from acting militarily to prevent Iran from becoming a nuclear power. The missile shields are aspects of a policy of containment, not prevention. And the US’s attempts to sabotage Israel’s ability to strike Iran’s nuclear sites through leaks, political pressure and efforts to weaken the Netanyahu government make clear that as far as the US is concerned, Iran acquiring nuclear weapons is not the problem.

The prospect of Israel preventing Iran from acquiring nuclear weapons is the problem.

Several American commentators argue that the Obama administration’s policies are the rational consequence of the divergence of US and Israeli assessments of the threats posed by regional developments. For instance, writing in the Tablet online magazine this week, Lee Smith argued that the US does not view the developments in Egypt, Iran and Syria as threatening US interests. From Washington’s perspective, the prospect of an Israeli strike on Iran is more threatening than a nuclear-armed Iran, because an Israeli strike would immediately destabilize the region.

The problem with this assessment is that it is nonsense. It is true that Israel is first on Iran’s target list, and that Egypt is placing Israel, not the US in its crosshairs. So, too, Syria and its rogue allies will use their chemical weapons against Israel first.

But that doesn’t mean the US will be safe. The likely beneficiaries of Syrian chemical weapons – Sunni and Shi’ite terrorist organizations – have attacked the US in the past. Iran has a history of attacking US shipping without a nuclear umbrella.

Surely it would be more aggressive in the Persian Gulf and the Strait of Hormuz after defying Washington in illegally developing a nuclear arsenal. The US is far more vulnerable to interruptions in the shipping lanes in the Suez Canal than Israel is.

The reason Israel and the US are allies is that Israel is the US’s first line of defense in the region.

If regional events weren’t moving so quickly, the question of who lost Egypt would probably have had its moment in the spotlight in Washington.

But as is clear from the US’s denial of the significance of Morsy’s rapid completion of Egypt’s Islamic transformation; its blindness to the dangers of Syrian chemical and biological weapons; and its complacency toward Iran’s nuclear weapons program, by the time the US foreign policy establishment realizes it lost Egypt, the question it will be asking is not who lost Egypt. It will be asking who lost the Middle East.