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En Finir avec le Mythe de la Déclaration de Balfour

Par Maître Ramas-Muhlbach, avocat

Terre-des-Juifs - 7 novembre 2021 

Publié par brzustowski

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Le 2 novembre 2021 marquait le 104ème anniversaire de la déclaration de Balfour (survenue le 2 novembre 2017). Aussi, le milliardaire palestinien Munib Mari, a-t-il indiqué vouloir poursuivre le gouvernement britannique pour qu’il s’en excuse, puisqu’elle serait à l’origine de la dépossession des palestiniens (sic).

Il conviendrait donc d’en finir, une bonne fois pour toutes, avec ce mythe sur lequel les palestiniens fondent leur victimisation mémorielle. En effet, ce n’est pas la déclaration de Balfour qui est à l’origine de la création de l’Etat d’Israël, mais la réunion de 3 paramètres qui lui sont parfaitement étrangers : la vente aux juifs, par les arabes des terres de Palestine, le refus des arabes Palestine de créer un Etat, en 1947, et enfin, l’incapacité arabe de détruire Israël, depuis 1948.

Certes, le 2 novembre 1917, le secrétaire d’État britannique aux Affaires étrangères Arthur Balfour a informé Lord Lionel Walter Rothschild de ce que « Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour les Juifs et fera tout ce qui est en son pouvoir pour faciliter la réalisation de cet objectif ». Pour autant, cette déclaration n’a fait que cautionner un processus initié de longue date.

En effet, l’acquisition de terres de Palestine a débuté au 19ème siècle, lorsque les mauvais traitements infligés aux Juifs (massacres, spoliations, discriminations…) a conduit les sionistes à se poser la question de savoir s’il était vraiment nécessaire d’attendre la venue du Messie pour retourner en terre d’Israël, ou si ce retour pouvait être envisagé plus tôt.

Le sionisme s’est alors construit autour du principe (non-Juif, mais Chrétien) : « une terre sans peuple pour un peuple sans terre ». Certes, les juifs ont, rapidement réalisé que leur « terre promise » (en grande partie désertique) était partiellement peuplée. Aussi, et dès le Congrès de Bâle de 1897, Nordau a demandé à Herzl s’il était vraiment judicieux, pour les Juifs, de s’y établir. La réponse fut positive et les Juifs ont poursuivi leur projet.

Au départ, la population arabe de Palestine n’a pas immédiatement perçu les Sionistes comme une menace, en raison de la petite taille de la population juive et de l’impossibilité, théorique, de créer une entité sioniste au sein de l’Empire ottoman. Néanmoins, dès 1886, des dirigeants arabes ont réalisé que l’immigration juive pouvait constituer un problème, car cherchant l’établissement d’une souveraineté en ce qu’eux-mêmes considéraient comme terre de “Oumma”, ce qui a provoqué des frictions avec les populations locales.

En effet, les juifs bénéficiaient de circonstances favorables pour acquérir des terres en Palestine : l’État ottoman, contrôlé par le Parti de l’Union et du Progrès, était favorable à l’installation de Juifs en son sein, le sultan Abdulhamid II (qui, pour autant, n’était pas favorable à une autonomie des Juifs en Palestine) a été renversé en 1909, et, enfin, la communauté juive, parfaitement structurée, s’est vite montrée influente en Palestine.

Aussi, en mai 1890, l’agent administratif ottoman de Jérusalem, Rashad Pacha, a permis aux sionistes d’acheter quantité de terres. Pour contrer le processus, des dignitaires religieux de Jérusalem ont, le 24 juin 1891, présenté une pétition au Grand Vizir ottoman demandant l’arrêt de l’immigration des Russes juifs en Palestine et l’interdiction de leur vendre des terres.

En 1897, c’est le Grand Mufti de Jérusalem qui a pris en charge le blocage de la vente de terres aux juifs : il a été chargé de diriger un organisme vérifiant les demandes de transfert de propriétés au bureau du Mutasarrifate de Jérusalem, ce qui a empêché la transmission de nombreuses terres aux Juifs. L’angoisse n’a toutefois pas faibli et, dès 1911, des arabes membres du Parti national ottoman ont, une nouvelle fois, mis en garde contre ce que représentait le “danger sioniste” à leurs yeux. En vain.

Lorsque la Palestine est passée sous contrôle britannique (de 1920 à 1948), les Arabes de Palestine ont encore vendu 260.000 dunams (1%) de la terre, mécanisme favorisé par la législation du mandat Britannique sur la Palestine, qui permettait au Haut commissaire d’arbitrer éventuellement la vente des terres arabes à des juifs.

Par ailleurs, le mandataire n’a pas été en mesure de stopper le projet sioniste : les Juifs ont encore acquis 1,2 million de dunams, soit 4,5 % des terrains de la Palestine Mandataire.

Pour ce faire, plusieurs options leur étaient offertes. Les juifs ont tout d’abord eu recours aux concessions du gouvernement britannique sur les terres « miri » de Palestine (terres d’État, ou dépendant du domaine public). Par ce biais, les autorités britanniques ont accordé 300.000 dunams de terres « miri » aux acquéreurs Juifs sans frais, et 200.000 dunams pour une somme symbolique. De même, le premier haut-commissaire britannique, Sir Herbert Samuel (1920-1925), juif sioniste, a accordé aux juifs 175.000 dunams des terres parmi les plus fertiles de l’État, sur la côte entre Haïfa et Césarée, outre des concessions massives d’autres terres côtières, ainsi que dans le Néguev et sur la côte de la mer Morte.

Rappelons, également, que les Juifs ont acquis des terres aux propriétaires féodaux libanais (absentéistes). En effet, l’État ottoman avait vendu des terres « miri » à de riches familles libanaises en 1869. Or, les propriétaires arabes résidant à l’étranger ont accepté de céder leurs terres aux immigrants juifs. Résultat, les Juifs ont encore acquis 825.000 dunams, alors qu’à la même époque, 2.746 familles arabes choisissaient de se déplacer. Par ailleurs, des familles libanaises ont vendu aux juifs 120.000 dounams autour du lac Hula (dans le nord de la Palestine), outre les terres de Wadi al-Hawarith (32.000 dounams). Ainsi, et durant la période 1920-1936, les terres agricoles vendues par des propriétaires absents (libanais et syriens) ont atteint 55,5% des terres agricoles acquises par les Juifs.

Pour stopper ces acquisitions, la première Conférence des Oulémas de Palestine a, le 25 janvier 1935, émis une « fatwa » interdisant la vente de toute terre de Palestine aux Juifs, voire, refusant aux vendeurs et aux courtiers apostats, l’enterrement dans les cimetières musulmans, les boycottant, et les diffamant.

De même, le Conseil Musulman Suprême a acheté des villages entiers et interdit les ventes dans 60 villages autour de Jaffa. Un « Fonds national » a même été créé pour sauver le nord-est de la Palestine, d’une superficie de 300.000 dunams. Il était toutefois trop tard. Les Juifs s’étaient créés une légitimité en Palestine.

Lorsque les arabes de Palestine ont refusé le plan de partage de l’Onu, le 29 novembre 1947, les juifs se sont organisés une contiguïté territoriale, permettant la création de leur Etat, le 15 mai 1948. Depuis, les pays arabes n’ont eu de cesse de vouloir détruire Israël mais leurs défaites successives ont permis à Israël d’agrandir l’emprise territoriale notamment en 1967, avec la reconquête de la Judée-Samarie originelle, renommée Cisjordanie (devenue bien sans maître en 1988) et Gaza (autonome depuis 2005).

Si les arabes de Palestine se sont fait appeler « peuple palestinien » lors de l’adoption de la seconde Charte de l’Olp en 1968 (pour des raisons purement opportunes : se constituer en tant que Nation et bénéficier du « droit des peuples à disposer d’eux mêmes »), il était trop tard. Les Juifs disposaient déjà de leur Etat, grâce à leur ténacité et leur foi indéfectible, non en raison de la déclaration de Balfour.