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LES ANCETRES DE BOLE-RICHARD

PALESTINIENS & PHILISTINS

 

Par Pierre Lefebvre

Pour © Primo le 17 novembre 2008

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Un archéologue israélien a découvert un minuscule fragment de poterie, à 20 kilomètres de Jérusalem, sur lequel figure une inscription en hébreu. Il s’agirait du plus ancien texte hébreu, remontant à 3 000 ans. Il a été trouvé sur le site d’une forteresse qui aurait appartenu à l’ancien royaume juif de Judée à l’époque du roi David. Même si certains historiens mettent en doute l’importance du royaume de David, ils sont en revanche tous d’accord pour dire que celui-ci aurait vécu aux environs de l’an mil AVANT Jésus-Christ. Ce qui nous fait à peu près 3000 ans.

Et tout cela est évidemment très embêtant pour ceux qui affirment, contre toute évidence, que le peuple juif n’a aucune légitimité sur la terre qu’il habite actuellement.

Tout d’abord, cela est très ennuyeux pour les islamistes du Hamas dont les principaux chefs ne cessent de clamer qu’Israël est un occupant.

Cela est très ennuyeux également pour le Fatah, l’actuel mouvement dirigeant en Judée Samarie. Son ancien chef, Yasser Arafat, n’a jamais accepté la petite démocratie israélienne. Dans ces discours en arabe, il niait que les Juifs aient été présents avant les Palestiniens. Selon lui, Jésus était Palestinien. Jérusalem n’avait aucune origine juive et le Temple de Salomon était une pure invention. Mais Arafat croyait mordicus que le prophète Mahomet s’était rendu de la Mecque à Jérusalem sur le dos d’un cheval-femme-aigle. Ce vol était, selon lui, la preuve que Jérusalem devait appartenir à la nation arabe, donc musulmane puisqu’il confondait ces deux notions avec beaucoup de constance.

Une autre famille de pensée est, elle aussi, profondément embêtée. Ce sont les idéologues à la petite semaine que l’on retrouve dans nos contrées, professeurs, journalistes, avocats, militants pro-palestiniens. Quand il fait beau, on y trouve aussi des membres du clergé.

Tous sont très heureux de pouvoir dénoncer les crimes israéliens et affirmer haut et fort, appuyés en cela par Ahmadinejad et Kadhafi (des références !) qu’Israël doit cesser d’exister. Cette proximité de pensée ne les gêne pas du tout. Ils n’en sont plus à un retournement de veste près.

Comme cela ne les gêne absolument pas de se retrouver dans les partis politiques d’extrême gauche et d’extrême droite, parfois en même temps, par une de ces gymnastiques intellectuelles dont ils ont le secret.

Eux en général si prompts à dénoncer l’impérialisme américano-sioniste n’ont pas un seul mot de condamnation pour l’impérialisme arabe qui a colonisé durant des siècles, au nom de l’Islam, à peu près toute la terre, par la fureur, le sabre et le sang. Certains d’entre eux se retrouvent, par hasard et également par nécessité, dans de grands médias nationaux. Et lorsque, par chance, ils sont nommés correspondants permanents au Proche Orient, ils font profiter la terre entière de leur interprétations erronées.

Chaque fois qu’ils peuvent distiller un petit doute sur le caractère légitime d’Israël, ils ne s’en privent pas.

Il en est ainsi du Monde et de Michel Bôle-Richard.

Bôle-Richard n’a visiblement pas visité la cité du Roi David, à Jérusalem. Les fouilles, le passé, l’Histoire, ce n’est pas son truc. Il n’a pas pu (pas voulu) voir la petite source qui alimentait la ville à l’époque de David. Il n’a peut-être pas marché dans ces souterrains, aux pierres usées par 3000 années de passage constants. Il aurait bien voulu passer sous silence la découverte de cet indice extraordinaire. Seulement, là, il est très embêté. Libération en a parlé dés le 3 novembre 2008, il ne pouvait se taire plus longtemps.

Il a donc pondu un article mi-fable mi-raison, dans lequel il parle du Royaume de David comme « élevé au rang de mythe en Israël ». A croire que Bôle-Richard ne fréquente pas beaucoup d’Israéliens. Car même les plus laïcs d’entre eux savent qu’ils résident sur une terre où vivaient naguère leurs ancêtres, au rang desquels David, Salomon et les prophètes.

D’une bêtise absolue.

Car Bôle-Richard, non content d’exprimer avec force conditionnel, ses doutes sur la validité d’une telle découverte, émet une opinion qui est une contre-vérité absolue, une manipulation de l’Histoire : "Comme, ici, l'archéologie n'est jamais loin de la politique, cette découverte renforcerait la légitimité de la création d'Israël sur ces terres, même s'il est établi que les Philistins, les ancêtres des Palestiniens, vivaient déjà dans cette région".

Ce qui pose problème et qui témoigne d’une ignorance crasse de l’histoire du Moyen-Orient, c’est cette petite phrase de Bôle-Richard : « même s'il est établi que les Philistins, les ancêtres des Palestiniens… ». Si Bôle-Richard était doué de raison, s’il était muni d’un QI supérieur à celui d’une amibe, s’il avait le quart de l’once de la moitié de la culture générale d’un star’académicien analphabète, il saurait qu’effectivement le Moyen Orient a vu se développer et mourir des peuples entiers. Des civilisations ont disparues, non sous les coups du peuple Juif, mais parce qu’il en est ainsi dans l’histoire des hommes. Où sont les Cananéens, les Nabathéens ? Que sont les Edomites devenus ? Et les Amalekites ? Qui habite maintenant à Petra ? Parmi les tribus néolithiques, Anakim, Emim, Zanzoumim, Réphaïm, laquelle peut venir témoigner devant l’ONU ?

"Au secours, on recherche le petit Moabite qui est attendu d’urgence par sa maman Bôle-Richard au bureau d’accueil de l’Histoire". Dans lequel il est établi que Bôle-Richard fait preuve d'inculture

Les Philistins ne sont pas les ancêtres des Palestiniens.Et, puisqu’il faut, en quelques mots – le correspondant permanent ne mérite guère plus – dire d’où vient le mot Palestine, voici.

Il provient du mot hébreu Pelechet, qui veut dire « pays des philistins ». Les grecs, marins et marchands, appliquèrent ce mot, tout d’abord à ce qui est maintenant la Bande de Gaza, puis l’ont étendu à toute la région.

Un exemple : Les premiers habitants connus de cette région étaient les Cananéens. Leur religion, un naturisme légèrement débridé, laissait beaucoup de place à la nature et à ses manifestations. Ils pratiquaient l’ivresse extatique et la débauche sacrée. Fort joli programme, certes, mais entaché par une coutume plus sanguinaire : le sacrifice des enfants. A Thaanac, à Guézer, on a trouvé de véritables cimetières de nouveaux nés.

Est-ce de ces habitants-là de Palestine que veut parler Bôle-Richard ? Et à quel titre ? Aurait-il discerné quelque ressemblance avec les palestiniens d’aujourd’hui ?

Mais les Cananéens ont disparu, miné par les mariages consanguins, les maladies et le manque de culture politique, au sens de la cité.

Les Philistins, peuple de la mer, étaient une peuplade de guerriers et de marins exceptionnels. Sans système politique unifié, et malgré la richesse qu'ils ont pu accumuler dans le commerce, la trace de ce peuple disparait au 2° siècle avant Jésus Christ.

Rome est venu ensuite égaliser tout cela sous la férule de quelques empereurs aux velléités dominatrices. C’est à partir de ce moment là que le mot « Palestine » est entré dans le langage courant. Les Romains ne voulaient plus entendre parler du mot « Hébreu » ou « Juif », ou encore « Israël ». Ils ont donné à cette région le nom de Palestine, en référence aux Philistins, qui avaient disparu depuis longtemps. N’ayant pu briser la mémoire et l’histoire des Juifs, ils ont tenté alors de proclamer leur disparition en affublant leur terre du nom de leurs ennemis séculaires.

Beau calcul en vérité, que ce révisionnisme romain ! Assez beau et efficace pour trouver encore, dans les manchettes d’un quotidien du soir, quelque plume enkystée pour faire la propagande de ce mensonge, vieux de 2000 ans, et reste d’un génocide, culturel celui-là.

 

Mais les Juifs ont su perdurer quand tant d'autres nations disparaissaient.

Les Palestiniens ne sont en aucun cas les descendants des Philistins. La population non-juive est constituée en grande majorité d’une immigration forcée ou désirée. Circassiens, Kurdes, Turcomans, Algériens, Bosniaques et d’autres nationalités arrivèrent au 18° siècle en Palestine.Un historien a calculé que 141.000 musulmans étaient établis en Palestine en 1882 et que 25% d’entre eux étaient arrivés récemment. Ce phénomène se reproduira plus tard, notamment en 1934, lorsque 30 000 Syriens furent transplantés en Palestine par les Britanniques suite à une grande sécheresse, puis en 1936 quand 100 000 Arabes immigreront pour trouver du travail. (Lire, de Liliane Messika)

Et c’est parmi ceux-là que Bôle-Richard prétend trouver les descendants des Philistins !

Ce que l’on peut dire avec certitude, c’est que les ancêtres de Bôle-Richard, au temps du roi Salomon, vivaient dans des marécages grouillants de vermine, dans ce qui deviendra Lutèce, puis Paris.

 

A la même époque, la Jérusalem, juive, irradiait déjà d’une sagesse pluri-millénaire avec en toile de fond la phrase « Tu ne tueras point ». Ce commandement s’applique aux individus. Il s’applique aussi à un peuple lorsqu’on tente, comme Bôle-Richard, à longueur d’article, d’en nier l’existence et la légitimité.