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Préambule

 

Nous avons exhumé un article datant du 15/10/1991, écrit entre "Madrid et Oslo", après la guerre du Golfe, et paru dans la revue Mouvement du MJLF au printemps 1992, parce que les causes fondamentales du conflit israélo-arabe restent les mêmes, avec les mêmes acteurs, les mêmes enjeux et les mêmes menaces, l'intermède d'Oslo ayant compliqué un peu plus la situation, en rapprochant les menaces pesant sur Israël, avec un régime terroriste aujourd'hui organisé au sein du pays, alors qu'il était en dehors et Saddam Hussein encore plus près de son objectif d'avoir des armes atomiques et bactériologiques efficaces… pour faire chanter le monde libre et détruire Israël.

 

 

 

DES TERRITOIRES, POUR OU CONTRE LA PAIX ?

 

Après la guerre des six jours, l'ONU a adopté une résolution portant le N° 242 et stipulant les sept principales notions suivantes:

 

 1. le caractère inadmissible d'acquisition des territoires par fait de guerre

 2. la nécessité d'oeuvrer pour une paix juste et durable

 3. le principe d'évacuation par l'armée d'Israël "de" territoires occupés (1)

 4. la fin de l'état de belligérance, le respect de la souveraineté territoriale et de l'indépendance politique de chaque état de la région dans des frontières sûres et reconnues, libres de toute menace et d'actes de "force"

 5. la garantie de navigation dans les eaux internationales

 6. la solution juste du problème des réfugiés

 7. la garantie de l'inviolabilité territoriale et de l'indépendance de chaque état de la région, à travers des mesures incluant l'établissement de zones démilitarisées

 

 Avant d'analyser ces 7 points, il faut revenir ici en arrière, sur le plan de l'histoire et rappeler que toutes les promesses faites à Israël et tous les accords d'armistice ou de paix se sont terminés par le rétrécissement du territoire promis ou contrôlé par Israël.

 

Un peu d'histoire

 

a. Après l'effondrement de l'empire ottoman, la promesse d'un foyer national juif faite par Lord Balfour, ministre de sa Majesté, en 1917 concernait un territoire à partager entre Juifs et Arabes, incluant la Palestine, la Jordanie et la Mésopotamie et couvrant une superficie sept fois grande que celle de la Palestine du mandat britannique. En 1947, à la fin de ce mandat, il ne restait plus à partager que la Palestine; et l'ONU accorde aux Juifs moins de 13 000 km2 (2). La guerre imposée par les arabes à Israël naissant en 1948 permet à Tsahal d'améliorer le tracé de frontières intenables et d'inclure dans le territoire israélien toute la Galilée, partagée par les technocrates de l'ONU d'une façon irréaliste entre Juifs et Arabes. Ceci portera la superficie d'Israël à un peu plus de 20 000 km2, soit celle de ce jour. Rappelons ici que lors de cette guerre pour son indépendance, Israël a évacué une portion du Sinaï, conquise sur l'Egypte!

b. Huit ans après, en 1956, l'agression de Nasser, fermant les eaux internationales à Israël et nationalisant le canal de Suez, permet à Tsahal de conquérir tout le Sinaï. Celui-ci est évacué aussitôt, sans contrepartie, sous la pression américaine.

c. Onze ans après, en 1967, le même Nasser récidive, suivi par la Jordanie et la Syrie. Tsahal occupe à nouveau le Sinaï, plus Gaza, la Judée, la Samarie et le Golan. À l'issue de cette guerre des six jours, l'ONU vote la résolution 242. Mais Israël attendra encore 12 ans les premiers signes de paix d'un pays arabe, pour que cette résolution ait un début d'application.

d. En effet, six ans après, en 1973, Sadate s'aventure dans la reconquête du Sinaï, suivi par la Syrie qui espère récupérer le Golan. Mises en échec, l'Egypte et la Syrie vont perdre des portions supplémentaires de leurs territoires, mais qui seront rendues aussitôt après les accords d'armistice, sans contreparties.

L'ONU vote la résolution 338 qui donne un caractère légal à la résolution 242 et qui demande des négociations "directes" entre les parties.

e. Six ans après, en 1979, Sadate a enfin le courage de venir signer un traité de paix et il récupère tout le Sinaï, jusqu'au dernier km2! Israël annexe le Golan et Jérusalem-Est soit environ 1000 km2 et contrôle Gaza, la Judée et la Samarie, soit environ 6000 km2.

f. Douze ans après, affaiblis par l'aventure du Golfe et l'effondrement de leur tuteur soviétique, les pays arabes espèrent en 1991 rééditer à retardement l'opération de charme de Sadate, qui leur paraît finalement maintenant comme une bonne affaire. D'où la Conférence de Madrid. Le moment semble favorable, car les israéliens ont été traumatisés par les 39 Scuds reçus et l'enfermement dans des chambres étanches, avec des masques à gaz.

 

Mais est-ce vraiment le moment de céder encore des territoires ? L'hostilité des arabes à l'égard d'Israël, semble pourtant aujourd'hui fondamentale. L'Egypte a reçu la "prime" de la paix, étant le premier pays ayant franchi le pas, mais créant un précédent avec Israël, en récupérant tout le territoire revendiqué jusqu'au dernier pouce.

 

Analyse de la résolution 242 par rapport à la paix.

 

Quant à la paix, le dictionnaire Larousse donne la définition suivante du mot: "état d'un pays qui n'est pas en guerre", "rétablissement définitif de relations amicales, réalisé par un traité qui contient généralement des stipulations financières et des clauses territoriales".

En hébreu la paix "shalom" a le sens large de "salut", d'"intégrité physique et morale". Il en est de même de l'arabe, mais cette langue inclut aussi dans les notions de "salam", celle de "reddition", d'"abandon par l'un" et la "prise de possession par l'autre". Il y a donc des différences qui ne sont pas que des nuances.

 

Ceci étant, analysons la résolution 242, point par point:

 

1. l'ONU n'admet pas qu'un pays acquiert un territoire par la force. Les textes internationaux précisent ".sauf quand la guerre est imposée par un pays tiers et que la guerre est défensive". C'est le cas d'Israël dans les quatre guerres imposées par les arabes. De plus en 1948, en 1956, en 1973, Israël a rendu des territoires importants conquis, sans contrepartie.

2. Une paix juste et durable: dans le langage arabe qui véhicule son subconscient, celui qui veut la paix, doit faire un acte de reddition. En fait c'est l'Autre qui demande la paix et la reçoit sous certaines conditions (souvent il s'agit soit d'une trêve, soit d'une ruse de guerre).

L'exemple de la paix avec l'Egypte est éloquent: un traité de non belligérance amélioré, sans relations amicales, ni commerciales, un tourisme à sens unique, un antisémitisme nouveau et virulent dans les médias et venant des élites.

Ainsi un territoire est une valeur concrète et tangible. La paix est une notion abstraite et relative, pouvant être comprise de différentes manières.

3. Évacuation de territoires occupés: ne serait-ce que par atavisme ou par extrapolation du passé, dans le cadre de nouveaux traités de paix (3), Israël sera amené à céder tout ou partie des territoires annexés ou contrôlés.

Personne ne pleurera Gaza la Philistine, et aucun pays arabe ne la veut. Par contre la Judée, la Samarie, Jérusalem et même le Golan font partie de l'héritage d'Abraham et sont le coeur d'Israël historique, affectif et métaphysique. Les céder contre de vagues promesses de paix équivaudra à un déchirement lourd de conséquences.

4. Les "actes de force" des arabes à travers les frontières d'Israël n'ont pas cessé depuis 1917. La paix avec l'Egypte n'a pas empêché les actes de force et aucun traité ne pourra les garantir (4).

5. 6. 7. Ces points ne posant pas de problème aigu, en principe, peuvent être résolus par la bonne volonté des parties, et l'argent du "grand frère" américain (5).

 

Des territoires, pour ou contre la paix ?

 

En fait ces deux concepts de "territoires " et de "paix" ne sont pas comparables et il est absurde de les rapprocher, l'un, le territoire, étant tangible, l'autre la paix, ne l'étant pas et dépendant de l'humeur du moment et de l'interlocuteur.

 

Le jour où l'Arabie saoudite ne demandera plus à un touriste son certificat de baptême pour l'admettre sur son territoire, le jour où ce pays cessera de financer les officines (mosquées, écoles, associations de bienfaisance) de par le monde qui enseignent l'Islam intégriste et wahabite et la haine de l'autre (6),

 

Le jour où l'Irak et la Syrie renonceront sérieusement à leurs rêves hégémoniques du Croissant Fertile, et à l'armement d'apocalypse dédié à cette cause, le jour où ces deux pays autocratiques et dictatoriaux cesseront de défier le monde libre,

 

Le jour où la Lybie cessera ses agressions agressives et démentes tout azimut (7),

 

Le jour où le langage de la haine et du dénigrement cessera,

 

Le jour où le vent de la démocratie soufflera sur les dirigeants arabes et le jour où cet esprit atteindra leurs peuples,

 

Alors, Israël pourra trouver enfin une définition commune du mot paix avec ses voisins et pourra commencer à souffler.

 

Le président Bush père est pressé de cueillir les fruits de sa Guerre du golfe, avant les élections de novembre 1992. Pour cela il est prêt à sacrifier ses bonnes relations avec Israël, aujourd'hui moins intéressant sur le plan stratégique.

D'ores et déjà, certains américains commencent à faire les comptes sordides de ce que Israël aura coûté au contribuable américain, 27 ou 71 milliards$? Font-ils le compte de ce que les Etats-Unis ont économisé en milliards $ et en milliers de vies humaines, par la présence d'Israël avant hier aux confins du totalitarisme soviétique, hier au bord de la poudrière du pétrole? (8)

Rien ne sert de cueillir un fruit qui n'est pas encore mûr, car il pourrit plus vite qu'il ne donne satisfaction.

 

Albert SOUED, écrivain – 15/10/1991

www.chez.com/soued/conf.htm , le site des symboles dans la Bible

Article paru dans le trimestriel du MJLF "Mouvement" au printemps 1992, "sous la responsabilité de l'auteur" et mis à jour par les notes le 28/8/02.

 

(1) La version française de la clause parle "des" territoires; or si l'intention était d'écrire "des", la version anglaise qui seule fait foi aurait inclus "the" devant territories

 

(2) Le reste avait été morcelé par la Grande Bretagne pour créer 2 royaumes Hachémites artificiels, la Jordanie et l'Irak, et satisfaire les tribus arabes en contre partie de concessions pétrolières.

 

(3) Depuis la parution de cet article, il y a eu les accords d'Oslo en 1993, aujourd'hui caducs du fait des agissements terroristes de l'Autorité palestinienne et de la guerre d'usure menée par son chef, Yasser Arafat. Dans ces accords, les parties devaient parvenir à une solution territoriale de compromis à Camp David, en 2000. Mais Arafat a refusé tout compromis, revendiquant Jérusalem et le retour de 3,5 millions de personnes déplacées en Israël.

Israël a rendu à la Jordanie tout le territoire revendiqué (quelques Km2) contre un traité de paix, en 1995.

 

(4) L'agression de l'Irak avec ses missiles Scud, les incursions à travers le Jourdain malgré le traité de paix signé en 1995, la guerre d'usure d'Arafat depuis la signature des accords d'Oslo en 1993, l'enlèvement de soldats à travers la frontière libanaise sont autant de témoignages quotidiens d'actes de force.

 

(5) En fait le problème des réfugiés s'est avéré aigu, du fait de revendications exorbitantes des Palestiniens qui ont réclamé leur droit au retour en Israël. Si on se limite à la définition des réfugiés de l'ONU, depuis 1950, cela ne concernerait que   45 000 personnes, problème soluble. Notons aussi que dans la résolution 242, les réfugiés englobent également les Juifs réfugiés des pays arabes, qui n'ont encore rien revendiqué.

 

(6) D'après l'historien et écrivain Amin Maalouf, reçu par la loge Tsedek en mai 1991, l'ennemi implacable d'Israël serait moins la Syrie dont le chef minoritaire et vieillissant serait plus réaliste que l'Arabie, aussi dogmatique que le Vatican à l'égard du Judaïsme.

 

(7) La Libye semble à ce jour apparemment assagie. Néanmoins pour des raisons d'hégémonie régionale, à travers l'arme nucléaire, l'Iran apparaît depuis l'arrivée des mollahs shiites intégristes à Téhéran en 1979, comme un ennemi dangereux aussi bien pour Israël que pour l'Islam sunnite.

 

(8) L'attitude ambiguë de Bush junior semble confirmer que les intérêts des Etats-Unis, même après les événements tragiques du 11/9/01 à Manhattan-NY, ne concordent pas forcément avec ceux d'Israël, d'où l'ingérence continue de cette puissance dans la politique intérieure israélienne.

 

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