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COMMENT ET POURQUOI LE QUAI D'ORSAY PRÉPARE LA "TROISIÈME INTIFADA"

Par Paul Landau, chercheur (Jérusalem). Vient de publier Le Sabre et le
Coran (éditions du Rocher).

Le 27 Juin 2005

Dans une dépêche publiée le 22 juin 2005 à 17h26 par l'agence Associated Press, la "déléguée générale de Palestine en France" - c.-à -d. la représentante de l'OLP - Leïla Shahid, affirmait qu'une "troisième Intifada pourrait éclater, si le monde abandonne les Palestiniens au rapport de force que leur impose Sharon". Le lendemain, 23 juin, à 13h26, soit exactement 20 heures après la dépêche menaçante de Mme Shahid, l'Agence France Presse publiait une dépêche sur le même sujet. Dans celle-ci, le ministre français des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, évoquait lui aussi la menace d'une "troisième Intifada", si le retrait de Gaza ne s'accompagnait pas d'un processus politique - en clair, de nouvelles concessions de la part d'Israël.
La concomitance, ou plus exactement la succession à un si bref  intervalle, de ces deux interventions, aurait de quoi surprendre, si l'on ignorait quel rôle néfaste joue le Quai d'Orsay dans les événements qui ont lieu dans notre région du monde. Car la lecture de ces deux dépêches met en lumière la source presque unique qui inspire la diplomatie française au Proche-Orient, laquelle parle à l'unisson avec la représentante en France d'un pays qui n'existe pas, mais que les occupants successifs du Quai d'Orsay s'évertuent à faire exister malgré tout, dans un but bien déterminé.

En réalité, ce n'est pas de "troisième Intifada" qu'il faut parler, car la reprise des attentats et de la guerre contre Israël annoncée, sans la moindre dissimulation, par Mme Shahid et par M. Douste-Blazy, et programmée pour l'automne prochain, ne sera que la suite d'un affrontement qui remonte bien avant la "première Intifada", en 1988. Pour comprendre l'attitude actuelle du Quai d'Orsay et les menaces de M. Douste-Blazy, un rappel historique est nécessaire.

La première Intifada date en fait d'une époque bien antérieure à "l'occupation des Territoires" par Israël en 1967, et bien antérieure même à la création de l'Etat juif en 1948. C'est en 1929 qu'eurent lieu les événements connus en hébreu sous le nom de pogromes, au cours desquels des femmes, hommes et enfants juifs furent assassinés par des foules arabes, enflammées par les appels au meurtre lancés par le Mufti de Jérusalem, Haj Amin al-Husseini, qui avait fait courir la rumeur d'un projet sioniste visant à détruire la mosquée d'Omar. Au cours de cette première "Intifada", 67 Juifs furent massacrés par des foules arabes dans la ville de Hébron, mettant fin à la présence juive séculaire dans cette ville.
La deuxième Intifada eut lieu en 1936, toujours à l'instigation du Grand Mufti al-Husseini. Les événements de 1936-1939 sont souvent désignés sous le nom de "révolte arabe" (l'historiographie palestinienne parle de la "grande révolte arabe"). Mais on ignore généralement le rôle décisif que joua l'Allemagne nazie dans ces événements. Le Mufti al-Husseini avait en effet rencontré dès 1937 le consul général allemand à Jérusalem, et plaidé pour une aide de l'Allemagne hitlérienne afin de combattre les Juifs. Les efforts du grand Mufti pour instaurer une alliance islamo-germanique contre
les Anglais et les Juifs devaient culminer lors de la Seconde Guerre mondiale, avec son installation à Berlin, où il collabora de manière active à la Shoah.

Les archives du haut commandement de l'armée allemande, saisies par les Alliés à Flensburg après la guerre, ont révélé que c'étaient les fonds mis à la disposition du Mufti par l'Allemagne nazie qui lui avaient permis d'organiser et de mener à bien l'Intifada des années 1936-1939. Et, comme le relate l'historien Paul Giniewski, en septembre 1937, en pleine révolte arabe, Adolf Eichmann se rendit en Palestine, où  il rencontra les représentants du Mufti, et discuta avec eux d'un sujet qui leur tenait à cour à tous les deux : la "question juive" et les moyens d'y apporter une "solution" !

Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Grand Mufti, recherché pour crimes de guerre, parvint à s'échapper de France, avec la complicité du Quai d'Orsay, pour gagner l'Egypte. Selon des sources convergentes, le Mufti devint alors un agent d'influence français au Moyen-Orient, plaidant pour une alliance franco-arabe contre les Anglais et les sionistes ! En bref, le Mufti combattait toujours les mêmes ennemis, mais en s'appuyant désormais sur la France, au lieu de l'Allemagne nazie qui avait été vaincue.
L'alliance islamo-germanique rêvée par le Mufti al-Husseini a pris fin avec la défaite de l'Allemagne hitlérienne. Mais l'alliance franco-arabe s'est poursuivie, elle, depuis plus d'un demi-siècle et le Quai d'Orsay applique, depuis l'époque de Vichy jusqu'à nos jours, conformément au rêve du Mufti, une politique dirigée contre le sionisme et contre la présence juive en Palestine (Eretz-Israël).
Le soutien à la "troisième Intifada" (comme à toutes les précédentes) affiché par l'occupant actuel du Quai d'Orsay ne se limite pas à des paroles. La diplomatie française apporte une aide logistique, politique et même financière à l'Intifada. Une visite sur le site de la "plateforme des ONG françaises pour la Palestine" www.plateforme-palestine.org permet ainsi de découvrir le logo du Ministère français des Affaires étrangères, qui apporte son soutien financier au site en question. L'activité principale de cette "plateforme" est d'organiser une "campagne internationale contre le
Mur", c.-à -d. contre la barrière de sécurité érigée par Israël pour se protéger contre les attentats des kamikazes (les shahids).
Cette aide financière est confirmée sur le site du Quai d'Orsay. On y apprend ainsi que la "Plateforme des ONG pour la Palestine" reçoit un financement de la Mission pour la coopération non gouvernementale (MCNG), organe ministériel français. Ainsi, le Quai d'Orsay finance, par le biais d'associations se cachant sous le nom anodin d'ONG, des activités telles que les manifestations contre le "Mur", et la "campagne pour le boycott
d'Israël" visant à suspendre l'accord d'association entre l'Union européenne et Israël ! Tout ceci, sous couvert de coopération !
La postérité du Grand Mufti pronazi al-Husseini est donc bien assurée. Sa petite fille, qui n'est autre que Mme Shahid, inspire les déclarations du Ministre français des Affaires étrangères. Et son rêve d'une alliance franco-arabe, qui a succédé à celui de la défunte alliance avec l'Allemagne nazie, est lui bien vivant.