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Pourquoi le Mouvement BDS est la Mort d'un Futur Etat Palestinien

 

Par Fred Maroun, journaliste arabe vivant au Canada

http://www.gatestoneinstitute.org/7835/bds-palestinian-state

14/4/16

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Israël aurait pu jouer selon les règles arabes et expulser tous les Arabes de Palestine, mais il ne l'a pas fait. Précisément parce qu'Israël respecte les droits des Arabes, et en dépit de ses propres intérêts, Israël a offert aux Palestiniens une plate-forme à partir de laquelle ceux-ci recherchent sa destruction.

 

Dès le jour où Israël a déclaré son indépendance, l'une des principales tactiques arabes a été d'exploiter le talon d'Achille des Juifs, une culture hautement développée qui respecte et valorise la vie, et soutient les Droits de l'Homme.

D'origine arabe, je connais depuis fort longtemps le stéréotype de la pensée arabe quant à l'Occident et à Israël, "ils sont faibles parce qu'ils se soucient de la vie de leur peuple et qu'ils sont désireux de respecter les droits fondamentaux de leurs ennemis". Golda Meir n'a-t-elle pas dit: "Nous pouvons pardonner aux Arabes de tuer nos enfants. Nous ne pouvons pas leur pardonner de nous forcer à tuer leurs enfants"

 

Jusqu'à présent, Israël s'est conformé à ce stéréotype arabe. Rappelons que lors de la guerre de Gaza, par divers moyens, Tsahal avertissait les résidents civils de quitter les bâtiments que les Palestiniens utilisaient à des fins militaires, avant qu'ils ne soient visés. Mais aujourd'hui lorsque vous parlez aux responsables israéliens, il semble que cette attitude soit en voie de modification. Alors que les Juifs ont toujours en haute considération la valeur de la vie, avec leur détermination à réduire au minimum les pertes de l'ennemi et à respecter ses droits à tout prix, il se pourrait que cette vision des choses puisse être revue, et ce sont les Palestiniens qui vont en pâtir et payer le prix.

 

Pendant la Guerre d'Indépendance, la partie arabe s'est assurée que pas un seul Juif ne demeure du côté arabe des lignes d'armistice de 1949. Alors qu'un très grand nombre d'Arabes ont été autorisés par les Juifs à rester du côté israélien. Aujourd'hui, ces Arabes représentent 20% de la population israélienne.

Le respect d'Israël pour les Droits des Arabes vivant en Israël a été utilisé par ceux-ci contre Israël. L'idée qu'un Juif puisse vivre du côté arabe est "diabolisée" et toute tentative de normaliser la situation avec les Juifs est découragée d'une manière agressive.

 

En revanche, les Arabes vivant en Israël ont toujours des élus au Parlement, même ceux qui soutiennent ouvertement les terroristes palestiniens. Si Israël expulse ces politiciens de la Knesset - comme il y a un projet de loi pour le faire - il sera accusé par l'Occident d'être antidémocratique; mais s'il ne les expulse pas, il sera considéré par les Arabes comme un pays faible.

Pendant la guerre des Six Jours de Juin 1967 - une guerre défensive dans laquelle Israël a repoussé l'attaque de 6 armées arabes qui comprenaient la Jordanie et l'Egypte - Israël a été amené à occuper de grandes étendues de terres arabes, y compris la péninsule du Sinaï, la Cisjordanie et Gaza. Israël a immédiatement offert de rendre ces territoires en échange d'une reconnaissance d'Israël comme pays pour les Juifs et de la paix. Moins de trois mois plus tard, le 1er Septembre 1967, la réponse est parvenue sous la forme du célèbre "3 nons" de la Conférence arabe de Khartoum: "Pas de paix avec Israël, pas de reconnaissance, pas de négociation".

 

Israël aurait pu agir selon les règles arabes et expulser tous les Arabes de Palestine, mais il ne l'a pas fait. Précisément, parce qu'Israël respecte les droits des Arabes, et en dépit de ses propres intérêts, Israël a offert aux Palestiniens une plate-forme à partir de laquelle ceux-ci recherchent sa destruction.

 

Le Boycott Désinvestissement et Sanctions (BDS) d'aujourd'hui, continue d'appliquer les mêmes normes hypocrites du "deux poids deux mesures", dans un effort pour faire qu'Israël disparaisse. Ses dirigeants ont déclaré en termes non équivoques qu'ils ne sont pas intéressés par une solution à deux Etats. Ils veulent un Etat arabe unique pour remplacer Israël. Ils comptent sur ​​l'hypothèse que tôt ou tard, Israël sera obligé d'annexer la Cisjordanie et de donner la citoyenneté israélienne à tous ses résidents. Après cela, la destruction d'Israël comme Etat juif ne serait qu'une question de temps.

 

Le sentiment dominant du côté juif aujourd'hui est que la solution considérée comme acceptable et éthique depuis les années 1940, est une solution à deux Etats tout simplement. La grande majorité des sionistes blâment le refus implacable arabe d'accepter une telle solution et le fait que, lors des négociations, les Palestiniens n'ont jamais suggéré de contre-offre raisonnable. Même le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, qui est censé être le dirigeant le plus modéré des Palestiniens, n'a jamais accepté une solution à deux Etats, sauf si elle comprenait un "droit de retour", ce qui se traduirait par un état entièrement arabe, à côté d'un Etat arabe majoritaire -- une autre façon de faire que l'Etat juif disparaisse.

 

Dos au mur, Israël devra tôt ou tard choisir entre renoncer à un Etat juif ou renoncer aux normes des Droits de l'homme pour les Palestiniens. Il semble de plus en plus clair que les Israéliens ne vont pas choisir la première solution. A leur place, je ne le voudrais pas non plus. Un signe évident de cette orientation est le projet de loi qui déportera les familles des terroristes. Un autre signe est un projet de loi qui expulsera les membres de la Knesset qui soutiennent ouvertement les terroristes.

 

L'Américain Alan Dershowitz, avocat des Droits de l'Homme, a maintes fois averti que le mouvement BDS est en train de détruire la perspective d'une solution négociée à deux Etats, en faisant croire aux dirigeants palestiniens qu'ils ne doivent pas faire de compromis. Dershowitz n'a pas osé dire ce qui se passerait si le mouvement BDS continuait sur sa trajectoire actuelle. Il prévoit évidemment que cela conduirait à plus de guerres, plus de morts et plus de souffrances.

 

Si cette tactique arabo-BDS continue, Israël pourrait bien passer à la Droite de son actuel Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et élire un gouvernement pour lequel le respect des Droits de l'Homme des Palestiniens ne sera plus une priorité. Un tel gouvernement serait beaucoup moins réticent que celui de Netanyahu à s'implanter en Cisjordanie et à répondre aux attaques terroristes par une plus grande force, ce qui rendrait la vie des Palestiniens beaucoup plus difficile et nuirait sérieusement aux rêves d'un Etat palestinien.

Les partisans du BDS semblent s'appuyer sur la conviction qu'Israël ne ferait jamais cela, mais ils ont tort pour plusieurs raisons.

Les Juifs d'Israël ne commettront pas un suicide volontairement. Jusqu'à présent, chaque fois qu'ils ont refusé d'adopter une approche anti-Droits de l'Homme, cette décision n'était pas fatale à Israël. Une solution d'un Etat avec les mêmes droits pour tous serait cependant fatale à Israël, et la plupart des Juifs d'Israël la refuserait.

Israël voit bien comment au Moyen-Orient les Arabes procèdent avec impunité au nettoyage ethnique, allant du nettoyage ethnique des Juifs jusqu'à l'épuration ethnique des chrétiens, et de toutes les minorités. Il voit aussi que l'Occident ne prend aucune mesure sérieuse contre cela.

Les Israéliens savent que les Arabes ont maltraité les Palestiniens depuis près de 70 ans, et qu'ils ne voudront pas risquer de perdre une nouvelle guerre contre Israël, au nom des Palestiniens, qu'ils méprisent de toute façon -- en supposant même que les Arabes divisés puissent réussir à former une coalition viable contre Israël, ce qui est illusoire.

L'un des facteurs qui freinent actuellement l'aile droite d'Israël est le risque de perdre le soutien occidental. Cependant, avec le mouvement BDS croissant, Israël pourrait bien comprendre qu'il a perdu le soutien de l'Occident de toute façon et qu'il n'y a plus rien à perdre de ce côté.

 

Depuis près de 70 ans, les Arabes ont joué un jeu très dangereux, comptant sur les scrupules des juifs qui ont transformé chaque défaite arabe en une victoire partielle d'Israël. 

Considérant qu'à travers l'histoire, ceux qui perdent les guerres - en particulier les guerres qu'ils ont eux-mêmes commencé - sont contraints de vivre selon les règles du gagnant, les Arabes, eux,  ont refusé de vivre selon les règles d'Israël. Ils sont allés plus loin, en rejetant constamment la solution du juste milieu, celle de deux Etats, vivant côte à côte en paix, solution qui aurait été raisonnable pour les deux parties.

On peut seulement espérer que, comme l'Egypte et la Jordanie, les Palestiniens vont bientôt décider de vivre en paix avec leur voisin qui les traite beaucoup mieux que leurs propres frères arabes – ce qui n'est pas si mal, après tout. On ne peut qu'espérer qu'enfin les dirigeants palestiniens vont commencer à promouvoir une culture de la paix plutôt que celle de la haine.